KARL BEAUDELERE
Artiste « Neuve invention »
Karl Beaudelere est au nombre des Artistes de la “Neuve invention“ de la collection de l’Art brut de Lausanne dont les auteurs se démarquent de la création homologuée, notamment par les procédés stylistiques qu’ils mettent en œuvre, les matériaux qu’ils emploient ou leurs choix iconographiques audacieux.
“Les créations de Karl Baudelere sont en lien avec le recueil de Baudelaire, qu’il « ressasse » inlassablement et dont il a fait tatouer des extraits sur son propre corps. Dès 2011, il commence une série d’autoportraits avec de simples stylos-billes achetés au marché un jour faute de moyens. L’auteur porte depuis lors une cagoule retournée qu’il a peinte et rehaussée d’écrits de Charles Baudelaire et se présente comme « l’entité » du poète. Travaillant jusqu’à un mois sur chacune de ses œuvres, parfois de très grand format, il scrute sa propre image dans une glace suspendue près d’une table pour dessiner d’étranges visages aux tracés denses. Depuis 2014, Karl Beaudelere participe régulièrement à des expositions et poursuit la série de ses autoportraits, ainsi que divers autres projets artistiques.“
Séléction d’oeuvres
Dessin au stylo bille
Dessin au stylo bille
Dessin au stylo bille
Dessin stylo bille
Monographie dessin stylo bille 50 x 60
Biographie complète
Karl BEAUDELERE KXB7
Extraits de l’article paru dans Artension n°125 en 2014 :« Il n’est pas de plaisir plus doux que de surprendre un homme en lui donnant plus qu’il n’espère » : lorsque Charles Baudelaire écrit ces mots, dans Le spleen de Paris, il n’imagine pas combien un dessinateur marseillais – né 98 ans après la mort du poète parisien – puisera dans de telles phrases la force de sublimer l’existence. Et de devenir un artiste. Ô combien étonnant. « L’artiste n’est artiste qu’à la condition d’être double et de n’ignorer aucun phénomène de sa double nature » dit encore le poète, dans ses Curiosités esthétiques. Pour l’homme qui se cache derrière le pseudonyme de Karl Beaudelere, cela a pris du temps, mais c’est fait ! Certes, à l’école primaire déjà, dessiner lui permettait de s’évader, loin du bruit et de la fureur qui régnaient au domicile familial. Éric s’imaginait être «venu de l’espace», malencontreusement éjecté de sa planète initiale. Gaucher, il admirait ses copains qui copiaient les bandes dessinées de Spiderman. Et son frère, qui lisait Baudelaire pour préparer son baccalauréat. Il se souvient aussi du jour où un professeur d’arts plastiques lui demanda de froisser une feuille de papier, puis d’imaginer une figure à partir des plis obtenus. « Quand on dessine, on cherche toujours des apparitions.» Patience et fulgurance (…) Agent de sécurité ensuite, la nuit, en écoutant la radio, Éric note une foule d’idées dans un petit cahier. « Je voulais trouver un plan pour fulgurer. J’ai d’abord créé un procédé, en 2006, que j’ai déposé à l’INPI, pour faire des sculptures en plexiglas. Je décomposais des images selon une logique quadrichromique, pour faire des sortes d’hologrammes sérigraphiés. Je voulais inventer un vitrail en trois dimensions, provoquer des sensations comme dans le film La guerre des étoiles… Je me suis retrouvé sans le sou. J’avais juste de quoi acheter des boites de stylos à billes au marché. Alors, j’ai commencé à dessiner. J’ai pris le nom de Karl Beaudelere et j’ai eu l’idée de me masquer. Pour marquer le fait que je suis d’une autre caste. » Karl aime le mystère, la voyance, l’astrologie et la numérologie, qui lui permet d’échafauder des corrélations entre lui et… Baudelaire. Les autoportraits stupéfiants, qu’il trace depuis sept ans ? « Je voulais ne garder que les traits des formes, construire des sortes de squelettes. J’ai d’abord copié des images mais elles n’étaient jamais assez précises. Alors, je me suis regardé dans une glace (…) ».
On ne va pas parler de réincarnation. Ni de métempsychose, histoire de faire encore plus savant. Il n’en demeure pas moins qu’il me semble difficile de se surnommer Karl Baudelère sans faire penser à quelqu’un de connu. Surtout quand la Collection de l’art brut de Lausanne ne donne pas votre identité de départ. C’est bien là le signe qu’il y eu renaissance. De fait, le Marseillais se cachant sous ce pseudonyme (et une cagoule lorsqu’il se voit interviewé) a fini par confondre sa vie avec celle de son modèle Charles Baudelaire, découvert par hasard en 1977. «En 2011 j’ai eu quarante-six ans. L’âge auquel Baudelaire est mort. Désormais, il revit en moi», explique le dessinateur dans la brochure d’accompagnement de son exposition.
«J’approfondis la technique de mes dessins, en m’appliquant à les adoucir. Mes autoportraits évoluent.» Karl Beaudelère
Désormais, il sait cependant. Son but est de devenir artiste. «Je dessine au pastel, au feutre, je fais des pochoirs sur les murs de la ville que je signe Karl*B.» Il faut dire que l’homme ressasse Baudelaire, qu’il finit par intégrer. Le premier autoportrait surgit un jour, comme du néant. «Quand je le termine, je tombe des nues. En pleurs.» Le miracle suit. Un bon galeriste s’intéresse à celui qui pourrait sembler un tardif débutant. «J’approfondis la technique de mes dessins, en m’appliquant à les adoucir. Mes autoportraits évoluent.» Karl expose dès 2018 dans la capitale. C’est à ce moment qu’il commence à interpeller la Collection de l’art brut. Quelques achats, des dons et l’appui d’une fondation mécène. Aujourd’hui, le musée détient soixante-sept œuvres de Karl. Toutes ne se voient pas accrochées en ce moment. L’auteur a prêté d’autres feuilles, afin sans doute de rendre la sélection plus cohérente. Plus large aussi. A côté des autoportraits parfois fragmentaires (le haut du visage, un œil…) il y a ainsi des portraits. Einstein, Bacon, Dubuffet plus des inconnus.
Vidéo réalisée pour l’exposition BHN 2023